Jean-Marie, 23 juillet 2016

La mort de Bouzid Nettour

JMM Photos 1961-57-Thé offert pour la circoncision d'Ahmed Maameche. A droite, Bouzid Nettour

 

Bouzid Nettour qui est avec moi sur la photo du marcassin (voir le 23 août) était un harki d’Ali CHERF et nous étions devenus véritablement de bons amis. J'aimais chahuter avec lui, c'était un grand enfant joueur, toujours gai. Il était marié et avait deux petits enfants. Quand nous sommes partis d'ALI CHERF, il est venu avec nous, avec d'autres harkis. Nous avons eu alors, à Bou Gheraïda, un capitaine de compagnie qui de choufs en crapahutages, de gardes en sorties de nuit, nous a mis sur le flanc en quelques semaines plus qu’éreintantes. Nous étions très remontés contre lui, surtout à la veille du «cessez-le feu». Que cherchait-il ? Un jour, je n'étais pas à cet exercice, il se prend à faire sauter soldats et harkis d’un camion qui roulait à plus de 40 kms à l’heure. Bouzid Nettour en était. Il en est mort. Deux autres ont été blessés. Ce fut terrible pour moi d'entendre le récit de cette manœuvre imbécile qui a fait une veuve et deux petits enfants orphelins. Je pleurais comme s'il s'agissait d'un proche parent... Sur le coup, nous nous étions promis de  retrouver ce capitaine originaire de Bourgogne après la quille et d'aller lui «parler du pays »….

 

2016 - Rencontre d'un camarade Vosgien

Photo JMM 1961-26-L’infirmier, Jean-Marie Mire, le sergent

 

 

J'ai appris, il y a une semaine, par un bon camarade, Vosgien comme moi, et sergent à ALI CHERF en même temps que moi, qu'il avait un jour été envoyé en patrouille à la suite d'un survol du camp par un avion. Le pilote, volant à basse attitude, avait repéré des fellaghas sur un piton. La patrouille, arrivée sur place, a fouillé des gourbis sans trouver aucune trace des rebelles. Les habitants, qui l’avaient reconnu, lui ont offert le thé très amicalement. Par la suite, il a appris que les fellaghas étaient bien présents, mais blottis au milieu des animaux de l'enclos. Quelle conclusion en tirer ? Cet épisode s’inscrit-il dans la continuité des épisodes que j’ai évoqués ailleurs tels la conversation avec le vieux fellouze, ou le thé pour la circoncision d’Ahmed Maameche ? Quelles relations existaient entre les habitants, les rebelles, les harkis et les appelés à ALI CHERF ?

 

 

Nous ne le saurons peut-être jamais.