Le camp d'Ali Cherf en février 1961

14 février 1961

 

Après avoir crapahuté pendant un mois dans la région de BIR el ATROUS, à 30 kms de CANROBERT, en appui de la Légion et des Dragons, je suis de retour à KERKERA.

 

15 février 1961

 

Direction ALI CHERF. C'est notre nouveau poste, « un regroupement ».

 

Une section de la 1ère Compagnie du 1er bataillon du 75ème RIMA, composée d'Africains de la Haute Volta, du Sénégal, du Dahomey, et de Français appelés, est installée au sommet d'un piton, sommet aplati si bien que le tout ressemble à un tronc de cône.

 

Sur ce sommet, quelques tentes de 8 places pour la troupe, quelques gourbis pour les deux sous-officiers, le lieutenant, l'intendance, et le réduit pour un mortier.

 

Une grande entrée sur le côté Est, réservée aux militaires, avec une bonne dizaine de gourbis de chaque côté à la base du piton ; sur le flanc, à mi-hauteur un gourbi beaucoup plus grand et plus haut sert d'infirmerie pour les habitants ; elle est tenue par un Africain.

 

Photo JMM 1961-1-Camp d’Ali Charef à l’Est, vu du bas de zeribet el Mzara

 

En bas du piton, sur le côté Sud, peu de gourbis; une porte faite d'un cadre en bois grillagé: c'est par là que les habitants doivent sortir et entrer pour aller chercher du bois, de l'eau, de la nourriture et faire un peu de jardinage. Les femmes sont fouillées sur tout le corps par une Algérienne qui vit dans le camp au milieu des siens, et les hommes par un militaire. Je ne connais pas le statut de cette femme.

 

Photo JMM 1961-41-La fouille à l’entrée du camp

Photo JMM 1961-7-Poste de guet et feuillées à l’Ouest

 

Sur le terre-plein, nos latrines avec quelques planches autour : il s'agit d'un simple trou creusé dans la terre, avec une planche en travers. Légèrement à gauche, creusé dans le flanc du piton, un trou servant de cachot- prison, fermé par une porte en bois plus que sommaire.

Photo JMM 1961-48-Rue à l’Ouest du camp

Photo JMM 1961-49-Figues séchant au soleil

Sur le côté Ouest, la plus grande partie des gourbis, avec des ruelles et une place qui sert de lieu de rassemblement et de séchage des figues sur des nattes. Dans le fond la forêt domaniale de l'oued Guebli.

 

Jouxtant ces gourbis et à la base du piton, un enclos pour les bovins, les chèvres et les moutons ; ils sont comptés tous les jours.

 

Sur le côté Nord, en direction COLLO, encore des gourbis, moins nombreux.

 

Sur les flancs Ouest et Nord, les gourbis sont accolés les uns aux autres. Heureusement, il n'y a pas eu d'étincelle pour enflammer l'ensemble de ces gourbis, avec des dizaines de morts et de brûlés à la clé, les habitants ne pouvant fuir, coincés par plusieurs rangées de barbelés installés autour du camp.

 

Il n'y a pas d'eau sur place. Les femmes sortent dans la journée pour aller en chercher à plus de 400 mètres avec des pots de terre et des bidons en métal portés sur leur tête et pouvant peser jusqu'à une quinzaine de kilos.

Photo JMM 1961-38 et 39-Porteuses d'eau revenant de la source