Les étapes de la construction d'un gourbi

Les hommes se sont chargés de la construction de la charpente

  et des parois

à l'aide de branchages ou de chutes de bois,

et ils ont réalisé la couverture.

Les femmes ont ensuite colmaté les parois avec un enduit de terre liée au moyen de bouse de vache et d'eau.

Une femme accidentée

D'après une lettre du 6 novembre 1960

Un dimanche, vers trois heures de l’après-midi, alors que du haut de la tour j’observais les bergers à la jumelle, un homme monte au pas de course vers le poste. Il s'appelait Laïdi. « Viens, mon lieutenant : une femme s’est cassé les reins, il faut l’ambulance ! » Je l’ai trouvée à l’entrée du regroupement, étendue sur une natte, la tête rehaussée par une couverture glissée sous sa nuque. J’écarte les enfants attroupés et je lui demande où elle a mal. On me répond : « Elle a les reins cassés. » Peu convaincu, je me fais expliquer ce qui est arrivé. On me conduit à l'endroit où l'accident est survenu. Les femmes creusaient les talus pour tirer l’argile dont elles colmataient les parois des gourbis. Celle-ci était engagée à mi-corps dans une de ces sapes et un bloc de terre lui était tombé sur les reins. Je reviens auprès d’elle, je lui demande de bouger les bras et les jambes, et aussitôt quatre matrones se jettent sur ses quatre membres pour les secouer vigoureusement. Je réussis à les arrêter, je demande à la femme de le faire par elle-même, et je vois avec soulagement qu’elle y réussit sans douleur apparente. Et alors, tandis qu’un pêcheur explique à son mari qu’il doit lui frictionner le dos avec de la « zid el camphor », de l’huile camphrée, la voilà qui se lève, furieuse, sans doute fâchée de cette scène où elle n’a pas eu son mot à dire, et qui file chez elle en courant. On est presque surpris de mon étonnement, et j’apprends qu’elle a parcouru toute seule les cinquante mètres qui la séparaient de la sape…

 

Pour un pays d'orangers, Algérie 1959-2012, p. 212